COMÉDIENS
PAR INTERMITTENCE : LE
MÉTIER À L'ÉPREUVE DE LA DISQUALIFICATION PROFESSIONNELLE
Juillet
2015
de
Serge KATZ
Les récents conflits autour
du durcissement du régime d’indemnisation des intermittents du
spectacle témoignent de la dimension primordiale prise par
l’assurance chômage dans l’organisation de leur activité. Mais
suffit-il, pour ces derniers, d’accéder au statut
d’intermittents pour être confirmés dans leur métier ?
En s’intéressant à
l’activité de comédien, et plus particulièrement aux
trajectoires d’individus ayant connu des périodes prolongées,
voire définitives de perte des droits à l’indemnisation chômage,
ce livre interroge cette configuration paradoxale de la
qualification professionnelle par la situation de non-emploi.
S’il décrit la disqualification éprouvée par les intéressés, il
montre aussi que le sentiment de dispersion résulte souvent, en
amont, d’une diversification vers des activités non choisies et
d’un décentrement de leur pratique proprement artistique.
En retraçant les liens
professionnels rompus, l’auteur replace les phénomènes de
marginalisation professionnelle par rapport à la structuration
du marché du travail. Car, aussi uniformément intermittents
soient-ils, les comédiens connaissent des emplois à niveaux de
rémunération, de légitimité symbolique et de confort de travail
inégaux.
Et c’est bien cette qualité
différenciée de l’emploi qui conditionne non seulement leur
stabilisation professionnelle, mais aussi la concordance entre
leur activité et leur définition du métier.
DE LA
CIGALE À LA FOURMI : HISTOIRE
DU MOUVEMENT SYNDICAL DES ARTISTES INTERPRÈTES (1840-1960)
Novembre
2006
de
Marie-Ange RAUCH
Pour qui n'a gardé d'un
spectacle que l'inconfort de la chaise ou du banc, la lecture du
livre de Marie-Ange Rauch De la cigale à la fourmi sera un
précieux encouragement à accorder davantage d'intérêt à la
création artistique en France.
Quant à ceux qui en sont les
artisans, ils trouveront une mine d'informations sur les
«ancêtres» de la profession, sur le long combat pour leurs
droits et leur dignité, sur leur nécessaire unité, condition
incontournable pour préserver et enrichir sans cesse la
diversité du spectacle vivant. Ils y apprendront aussi les pages
noires de leur histoire, les difficultés qui en ont jalonné le
parcours et les figures emblématiques de l'engagement en faveur
de la profession. La création artistique est sans aucun doute -
avec la littérature - l'élément fondamental, le principal
facteur du rayonnement et du prestige de la France dans le
monde. De la cigale à la fourmi, fruit d'années de recherche qui
portent quasiment sur un siècle et demi, témoigne de façon
éclatante de l'importance de la création artistique, mais c'est
aussi un vibrant hommage à ceux qui en ont assuré, qui en
assurent toujours la pérennité.
(L'édition de cet
ouvrage est actuellement épuisée)
LE
TEMPS DE L'ENGAGEMENT : HISTOIRE
DU MOUVEMENT SYNDICAL DES ARTISTES INTERPRÈTES (1958-1973)
Novembre
2015
de
Hélène BOISBEAU
Opiniâtres et assidues, les
luttes syndicales menées par les artistes interprètes en France
témoignent de leur acquisition d’une véritable conscience
sociale au cours du xxe siècle.
Traversée par des débats
épidermiques dans lesquels idéologie et affects sont
indissociables, la séquence 1958-1973, abordée dans cet ouvrage,
est une période intense. Grâce à l’action du Syndicat national
des acteurs, affilié à la CGT, devenu Syndicat français des
acteurs (SFA) après une crise interne régénératrice (1958), les
artistes interprètes obtiennent la reconnaissance de l’édifice
social et juridique qu’ils connaissent aujourd’hui. En
1959, la création du ministère des Affaires culturelles apporte
un vent d’espoir. Les responsables du SFA deviennent ses
interlocuteurs actifs, n’hésitant pas à souffler aux
fonctionnaires de la culture, novices, les directions qu’ils
doivent prendre. L’histoire des interprètes se confond alors
avec celle de la politique culturelle et des choix qu’elle
opère.
La crise de 1968 frappe de
plein fouet tous les métiers du spectacle, du cinéma et de la
télévision. L’État, principal promoteur des emplois touchés par
la grève, après celui d’allié, endosse le rôle d’ennemi. En
parallèle, la Convention de Rome a ouvert le statut d’auteur aux
artistes interprètes exécutants. Cette amorce de structuration,
à laquelle les lois de 1961 et 1969 sur la présomption de
salariat viennent se greffer, achève de définir un statut
juridique de l’artiste – non sans conséquence sur les salaires,
la perception des droits sociaux, les revendications et le
rapport au patronat.
À l’heure où se prépare une
énième offensive contre la protection salariale des artistes
interprètes, Hélène Boisbeau rappelle les circonstances dans
lesquelles cette protection s’est légitimement imposée et offre
une histoire de l’engagement syndical et des mentalités qui
l’ont motivé.